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En 1610, en guise d'étrenne, l'astronome Kepler offre á son protecteur Wackenfels la description poétique d'un flocon de neige : parce que sa structure hexagonale est l'une des figures élémentaires de la matière, le flocon révèle celle de l'univers. Du microcosme au macrocosme, cet éloge paradoxal de Kepler est á la fois un genre littéraire á la mode maniériste du temps, et l'un des accès á la compréhension du monde. Entre le tournant copernicien négocié par Kepler et Galilée (la Terre tourne autour du Soleil) et la rupture opérée par Newton (le monde est régi par des lois universelles), la vision directe et les premiers téléscopes ne suffisent pas á l'exploration des lointains. L'inaccessibilité de ces nouveaux objets de la connaissance suppose des techniques d'écriture pour décrire l'invisible et dire l'inconnu des mondes cosmologiques. La fiction joue donc un róle central : en dépassant les limitations du réel observable, elle permet de substituer une nouvelle image mentale du cosmos á l'ancienne, elle forge un point de vue inédit d'où décrire l'univers ; elle fournit á la science les textes les plus efficaces dans la transformation des représentations du cosmos. Cette part oubliée ou méconnue, Frédérique Aít-Touati la retrouve, en s'intéressant justement au XVIIe siècle, siècle du commencement moderne, de la mathématisation du monde, de la magie géométrique, des arts de voler, des voyages lunaires et de l'exploration des merveilles de la nature. Par lá, elle donne matière á penser et á rêver sur une autre façon de concevoir la science.