LA PENSÉE DE BAUDELAIRE
Paris Institute for Advanced Study – 17, quai d'Anjou
11, 12, 13 September 2017
International Colloquium Marking the 150th Anniversary of Baudelaire's Death and the 160th Anniversary of Les Fleurs du mal
Organized by Ève Morisi (Oxford), André Guyaux (Paris-Sorbonne) and Bertrand Marchal (Paris-Sorbonne)
With the support of: the Paris IAS, the Université Paris-Sorbonne, the Cellf, the MFO, and the Faculty of Medieval and Modern Languages
The colloquium is free and open to the public, but online registration in advance is required: http://www.paris-iea.fr/fr/evenements/la-pensee-de-baudelaire-10928
« Toutes ces choses pensent par moi, ou je pense par elles [...]. »
Charles Baudelaire, « Le confiteor de l'artiste »
2017 marque le cent cinquantenaire de la mort de Charles Baudelaire (1821-1867) et le cent soixantième anniversaire de la publication – et de la condamnation – des Fleurs du mal (1857). On souhaiterait, à cette occasion, s'interroger sur la pensée de Baudelaire, non seulement dans les domaines poétique et esthétique, mais aussi dans les champs socio-politique, éthique, anthropologique et religieux. L'ensemble de sa production mérite ici analyse : sa poésie, en vers et en prose, sa critique littéraire, sa critique d'art, ses traductions, sa correspondance, Mon Cœur mis à nu, Fusées et le reste de ses textes, projets inachevés compris.
Variée dans ses genres et registres, l'œuvre de Baudelaire cultive volontiers provocation et ironie. L’auteur revendique par ailleurs le « droit de se contredire » (OC I, p. 709) et ne se satisfait pas d’un esprit de système : « […] un système est une espèce de damnation qui nous pousse à une abjuration perpétuelle ; il en faut toujours inventer un autre, et cette fatigue est un cruel châtiment » (OC II, p. 577). Reconnaître cette pluralité et cette complexité du corpus baudelairien n'empêche pas l'examen raisonné des réflexions qu'il recèle.
Quelle(s) pensée(s) du monde, de l'homme et de l'art les écrits divers de Baudelaire façonnent-ils donc? Les conceptions et critiques de la société, de la politique et de l'histoire qu’ils proposent gagneraient à être revisitées. Il conviendrait également de se demander quelle intelligence de la nature et des institutions humaines il en ressort, quels rapports y unissent les individus et les communautés les uns aux autres, et les êtres à quelque au-delà. Enfin, il serait bienvenu de poursuivre une réflexion sur la manière dont Baudelaire pense les arts – lui qui n'a de cesse de faire figurer la pensée dans ses Fleurs du mal.
Ces interrogations relatives à la teneur de la pensée de Baudelaire en font émerger d’autres : quelles valeurs et visions se font jour sous la plume de l’écrivain ? Par quels biais – concept, opinion, compréhension, connaissance, imagination, logique, mystique – y accède-t-on ? Quel rôle joue la forme dans l'élaboration de cette pensée ? Dans quelles filiations s'inscrit-elle? Les écritures poétiques et non poétiques de Baudelaire « pensent »-elles pareillement ? Quand et comment la pensée de Baudelaire évolua-t-elle ? Quelle place son œuvre elle-même fait-elle à la pensée en tant qu'acte, processus ou objet ?
Si la critique baudelairienne, foisonnante, s'est attelée à certaines de ces questions, des désaccords et des lacunes subsistent. Maintes lectures, parfois contradictoires, cohabitent. Elles font de Baudelaire un écrivain de la modernité et un antimoderne, un dandy autocentré et un penseur éthique, un réactionnaire et un révolutionnaire, un penseur chrétien et un écrivain de la non-rédemption, sans que l'étude des interfaces ou collisions entre ces postures divergentes soit toujours approfondie. Certains pans de son œuvre n'ont pas non plus reçu l'attention que d'autres ont pu susciter – ses écrits fragmentaires ou intimes, par exemple. Le caractère interdisciplinaire de sa production pourrait, lui aussi, être analysé davantage. De même, l'étude pourtant fort répandue des influences subies ou exercées par la pensée de Baudelaire, et celle de ses réceptions, restent peut-être à affiner et à compléter.